Catégories socioprofessionnelles
La connaissance des caractéristiques d’une population est nécessaire, tant pour les organisations publiques (à objets économiques et sociaux) que privées (notamment pour des études marketing).
Certaines données sont utilisables presque en l’état pour établir des statistiques : date et lieu de naissance, par exemple. Mais d’autres informations cruciales reposent sur une nomenclature, construite puis mise à jour.
Ces informations concernent notamment le milieu social. Certes, celui-ci est difficilement définissable. Et encore plus difficilement identifiable. Comment malgré tout approcher cet insaisissable caractère ?
Construction de l’indicateur
Depuis 1954, l’INSEE suppose que c’est la profession qui détermine le groupe social. Ce raccourci est critiquable. Au sein d’un même couple, il n’est pas rare que les professions ou les qualifications soient très différentes. Mais nous ne sommes pas en sciences physiques et toute étude liée aux sciences sociales (pour ne pas dire toute étude du vivant) s’appuie sur des définitions sujettes à caution et sur des considérations statistiques.
Ainsi les individus ont été classés par CSP (catégories socioprofessionnelles), une nomenclature revue en 1982 qui se nomme désormais PCS (professions et catégories socioprofessionnelles). Nous ignorons par quel mystérieux cheminement intellectuel certains en sont venus à placer deux fois profession dans un même sigle mais le principe est resté le même : une classification à plusieurs niveaux permet de situer chaque individu, ou chaque ménage, dans un groupe social qui est déterminé, à tort ou à raison, par la profession.
Notez qu’il existe deux nomenclatures. Les PCS sont destinées à étudier les ménages tandis que les PCS-ESE (professions et catégories socioprofessionnelles des emplois salariés des employeurs privés et publics), très proches, sont utilisées par les employeurs pour diverses enquêtes et déclarations obligatoires.
La nomenclature PCS possède quatre niveaux d’agrégation. C’est beaucoup moins que pour classer un animal ou une plante mais c’est tout de même très précis puisqu’elle comprend près de 500 codes différents.
Des mises à jour sont indispensables compte tenu de l’évolution rapide des métiers.
Une profession est indiquée par un code de trois chiffres et une lettre, chaque caractère correspondant à un niveau d’agrégation.
Le premier chiffre indique la grande catégorie. Il y en a huit.
- 1- Agriculteurs exploitants
2- Artisans, commerçants et chefs d’entreprise
3- Cadres et professions intellectuelles supérieures
4- Professions intermédiaires
5- Employés
6- Ouvriers
7- Retraités
8- Autres personnes sans activité professionnelle
Certaines de ces catégories sont particulièrement hétérogènes. Par exemple, tous les retraités n’appartiennent pas au même groupe social, loin de là.
Ainsi les agriculteurs sont classés selon la taille de leur exploitation. Mais le critère de taille n’est pas le même pour tout le territoire. Dix hectares de vignoble champenois rapportent bien davantage que dix hectares de pâturage en Auvergne…
Le niveau 2 est constitué de 24 postes, le niveau 3 de 42 postes et le niveau 4 de 497 postes. Le degré de précision augmente avec le niveau. C’est le même principe qui est employé par le plan comptable.
Un regroupement de catégories, habituel en marketing, consiste à extraire des PCS les CSP+. Ce sont les professions qui s'accompagnent d'un pouvoir d'achat plutôt élevé (chefs d'entreprises, artisans et commerçants, cadres, professions intellectuelles supérieures et professions intermédiaires). Au sein de ces catégories on distingue les CSP++ à fort pouvoir d'achat (cadres supérieurs et professions libérales).
Exemple (tiré de la PCS-2003)
La catégorie 4 est celle des professions intermédiaires. Cet intitulé, un peu fourre-tout, mérite d’être expliqué. Au niveau 2, il se décompose en quatre agrégats : professions intermédiaires de l’enseignement, de la santé, de la fonction publique et assimilés (41), professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises (46), techniciens (47) et contremaîtres, agents de maîtrise (48).
Intéressons-nous à l’agrégat 46. Comme il s’agit essentiellement de salariés, la taille de l’entreprise n’a aucune raison d’intervenir (contrairement aux agriculteurs, comme nous l’avons vu).
Nous ne détaillerons pas la trentaine de codes inclus dans cette catégorie. Contentons-nous de la rubrique 462 (maîtrises des magasins de vente, fonction achat, administration commerciale). Les subdivisions sont les suivantes :
- 462a : chefs de petites surfaces de vente (salariés ou mandataires)
462b : maîtrise de l’exploitation des magasins de vente
462c : acheteurs non classés cadres, aides-acheteurs
462d : animateurs commerciaux des magasins de vente, marchandiseurs (non cadres)
462e : autres professions intermédiaires commerciales (sauf techniciens des forces de vente)
PCS et ROME
Notez qu’en France il existe d’autres nomenclatures pour classer les professions, pour d'autres objectifs que la distinction de groupes sociaux. Par exemple, le code ROME utilisé notamment par France Travail comporte trois niveaux. Il recense les métiers avec un critère de technicité plus fin mais sans notion de position sociale.
Prenons l’exemple d’un agriculteur qui élève des herbivores. Dans la nomenclature PCS, il est classé parmi les codes suivants :
-
111d : éleveurs d’herbivores sur petite exploitation
121d : éleveurs d’herbivores sur moyenne exploitation
131d : éleveurs d’herbivores sur grande exploitation
Le code ROME le situe grâce à un autre découpage :
-
A1407 : élevage bovin ou équin
A1410 : élevage ovin ou caprin
A1411 : élevage porcin
En effet, la position sociale d’un agriculteur est liée à la taille de son élevage, peu importe qu’il soit de moutons ou de porcs. En revanche, la qualification de son métier dépend davantage du type de bétail qu’il élève.
Agrégat 2
Pour information, le niveau 2 des PCS :
10- Agriculteurs exploitants
21- Artisans
22- Commerçants et assimilés
23- Chefs d'entreprise de 10 salariés ou plus
31- Professions libérales et assimilés
32- Cadres de la fonction publique, professions intellectuelles et artistiques
36- Cadres d'entreprise
41- Professions intermédiaires de l'enseignement, de la santé, de la fonction publique et assimilés
46- Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises
47- Techniciens
48- Contremaîtres, agents de maîtrise
51- Employés de la fonction publique
54- Employés administratifs d'entreprise
55- Employés de commerce
56- Personnels des services directs aux particuliers
61- Ouvriers qualifiés
66- Ouvriers non qualifiés
69- Ouvriers agricoles
71- Anciens agriculteurs exploitants
72- Anciens artisans, commerçants, chefs d'entreprise
73- Anciens cadres et professions intermédiaires
76- Anciens employés et ouvriers
81- Chômeurs n'ayant jamais travaillé
82- Inactifs divers (autres que retraités)