Les sous-ensembles

Parties d'un ensemble

En mathématiques, la notion d’ensemble est première. Si l’on suit le raisonnement du mathématicien allemand Richard Dedekind, elle est même antérieure à celle d’entier naturel ! En effet, 0 est le cardinal de l’ensemble vide, 1 est celui de l’ensemble qui ne possède qu’un élément, etc.

Une notion qui en découle est celle de sous-ensemble, ou partie.

La théorie des ensembles s’appuie sur l’axiomatique de Zermelo-Fraenkel (ZF) dont l’un des axiomes stipule que pour tout ensemble, il existe son ensemble de parties. C’est à celui-ci que nous nous intéresserons ici, en nous limitant aux ensembles finis.

 

Sous-ensembles

Un ensemble contenu dans un autre est une partie de celui-ci. Par exemple, l’ensemble des Européens contient le sous-ensemble des Français, celui des Espagnols, celui des Belges, etc. Il contient même celui des Prussiens (ensemble vide).

Des éléments peuvent appartenir à plusieurs parties (dans notre exemple, les Européens possédant la double nationalité).

 

Ensemble des parties

L’ensemble des parties d’un ensemble fini \(E\) est celui des sous-ensembles de \(E\) ayant successivement 0, 1, 2, …, \(n\) éléments.

Il a existé de nombreuses façons de le noter. Nous utiliserons \(\mathcal{P}(E)\) (on lit P de E).

Si \(E = \{a\}\) alors \(\mathcal{P}(E)\) admet comme éléments \(\{\varnothing\}\) et \(\{a\}.\)

Si \(E = \{a,b\},\) \(\mathcal{P}(E)\) \(=\) \(\{\{\varnothing\} , \{a\}, \{b\}, \{a,b\} \}\)

D’une façon plus générale…

Si \(E\) contient \(n\) éléments : \(a_1,\) \(a_2,\) … \(a_n.\)

  • \(\mathcal{P}(E)\) contient l’ensemble vide \(\{\varnothing\}.\)

  • \(\mathcal{P}(E)\) contient les ensembles à un élément : \(\{a_1\},\) \(\{a_2\},\) …, \(\{a_n\}.\)

  • \(\mathcal{P}(E)\) contient les ensembles à deux éléments : \(\{a_1, a_2\},\) \(\{a_1, a_3\},\) …, \(\{a_{n-1},a_n\}.\)


  • \(\mathcal{P}(E)\) contient les ensembles à \(p\) éléments : \(\{a_1, a_2, … a_p\},\) …, \(\{a_{n-p+1},… a_n\}.\)

  • Et enfin \(\{E\},\) élément de lui-même.

Remarquons que l’ensemble des parties d’un ensemble \(E\) contient toujours deux éléments remarquables : l’ensemble vide et \(\{E\}.\)

Mais attention à une petite subtilité. Les sous-ensembles obtenus sont en fait les éléments de \(P(E).\) Il s’ensuit que si \(E\) est l’ensemble vide, alors \(\mathcal{P}(E) = \{\varnothing\}.\)

Ainsi \(\mathcal{P}(E)\) ne peut jamais être vide. \(\mathcal{P}(E) \ne \varnothing.\)

Dans le même ordre d’idée, la notation \(A \subset E\) a la même signification que \(A \in \mathcal{P}(E).\)

 

Exemple

Prenons l’exemple d’une société \(S\) de location de voitures possédant trois agences : Paris (\(P\)), Bruxelles (\(B\)) et Lyon (\(L\)).

L’ensemble des parties est \(\mathcal{P}(S)\) \(=\) \(\{\{\varnothing\},\) \(\{P\},\) \(\{B\},\) \(\{L\},\) \(\{P,B\},\) \(\{P,L\},\) \(\{B,L\},\) \(\{P,B,L\}\}.\)

Éventuellement, chacune d’elles peut être caractérisée concrètement (\(\{B, L\}\) : ferment à 22 h…) mais ce n’est pas notre propos !

 

Nombre de parties

Réécrivons ce que nous avons détaillé en extension avec \(E\) contenant \(n\) éléments.

  • L’ensemble vide : un élément.

  • \(n\) ensembles à un élément, que l’on peut écrire \(\left( {\begin{array}{*{20}{c}} n\\ 1 \end{array}} \right)\) ou \(C_n^1.\)

  • Le nombre d’ensembles à \(p\) éléments s’établit à \(\left( {\begin{array}{*{20}{c}} n\\ p \end{array}} \right)\).

  • Jusqu’à l’ensemble \(E\) lui-même, soit \(\left( {\begin{array}{*{20}{c}} n\\ n \end{array}} \right)\).

Ainsi, le cardinal de l’ensemble des parties de \(E\) est égal à la somme de combinaisons :

\(1 + \left( {\begin{array}{*{20}{c}} n\\ 1 \end{array}} \right)\) \(+\) … \(+\) \(\left( {\begin{array}{*{20}{c}} n\\ p \end{array}} \right)\) \(+\) … \(+\) \(\left( {\begin{array}{*{20}{c}} n\\ n \end{array}} \right)\).

Or, d’après la formule du binôme de Newton, cette somme vaut \(2^n.\)

On peut aussi le démontrer par récurrence.

Le nombre de parties qu’il est possible de constituer avec un ensemble de \(n\) éléments est \(2^n.\) On le vérifie d’ailleurs sur l’exemple vu plus haut : \(S\) était constitué de trois éléments et \(\mathcal{P}(S)\) de huit (soit \(2^3\)).

 

Ensembles de parties de parties

On pourrait aussi chercher \(\mathcal{P}(\mathcal{P}(E)).\) Prenons juste le cas d'un singleton.

\(E = \{a\}\)

\(\mathcal{P}(E)\) admet comme éléments \(\{\varnothing\}\) et \(\{a\}\) comme nous l’avons vu.

\(\mathcal{P}(\mathcal{P}(E))\) \(=\) \(\{\{\varnothing\}, \{\{\varnothing\}\}, \{\{a\}\}, \{\{\varnothing\}, \{a\}\}\}.\)

 

Opérations

Les opérations sur \(\mathcal{P}(E)\) sont l’union, l’intersection et le complémentaire.

Pour tout élément \(A\) de \(\mathcal{P}(E)\) le complémentaire de \(A\) dans \(E\) s’écrit \(\overline{A}.\)

Ces opérations sont détaillées en page d’ensemble mais aussi en page d’algèbre de Boole puisque \(\mathcal{P}(E)\) en constitue un bel exemple. Il est d’ailleurs très simple de passer de la théorie des ensembles à l’algèbre de Boole, plus pratique à manipuler.

 

partie d'un ensemble