Le risque de change

Limitations au risque de change de transaction

Une facture libellée en devises expose les contractants au redoutable risque de change. Qui est ce trublion et comment s'en prémunir ?

 

Le risque de change de transaction

Selon les usages ou le pouvoir de négociation des intervenants, une facture est libellée soit dans la monnaie de l’importateur, soit dans celle de l’exportateur, voire dans une devise tierce (soit par choix, soit parce que certains marchés ne connaissent que le dollar américain).

dollar

Entre le moment où les parties concluent un contrat et le paiement, il se passe… un certain temps. Et pendant ce « certain temps », les taux de change s’en donnent à cœur joie. En l’absence de disposition particulière (ce qui est très fréquent), il y a lieu de supposer qu'en date du règlement il existera un gagnant et un perdant par rapport au prix convenu.

Ainsi, une perte de change est constatée par celui qui achète dans une devise qui s’est affermie entre les deux dates et par celui qui vend dans une devise qui s’est dépréciée. Le risque de change impacte donc directement le compte de résultat d'une entreprise.

Avant de survoler les principales techniques qui permettent soit d’amoindrir soit de supprimer ces effets, précisons quelques termes.

Pour une devise et une échéance données, le solde des créances moins les dettes est la position de change. Lorsque le solde est positif, la position est longue. Elle est bien entendu courte lorsque les dettes sont supérieures aux créances. Celui qui exporte mais sans rien importer, par exemple, ne peut se trouver qu'en position longue.

Il existe un vaste champ de dispositifs pour se couvrir ou s’assurer contre le risque de change. Ils ne peuvent pas être détaillés ici de façon exhaustive. Toutes les techniques ne sont pas adaptées à une même situation. Tâchons tout de même de procéder à un petit recensement.

 

Les techniques de couverture internes

On a l’habitude de nommer ainsi les techniques que l’entreprise met en œuvre sans recourir à un tiers.

La première, déjà évoquée, est le choix de la devise (lorsque c’est possible). Si l’on possède un pouvoir de négociation tel que les factures peuvent être libellées dans la monnaie nationale, tant mieux (sauf qu’il est impossible de spéculer sur un gain de change !). Mais le choix peut aussi se porter sur une devise tierce particulièrement stable ou un panier de monnaies. Plus une entreprise attend une rentrée d’argent lointaine dans l’avenir, plus elle a intérêt à opter pour une devise forte qui risque moins de se déprécier d’ici à cette date.

La deuxième est l’indexation. Le paiement peut être indexé à un taux fixe, à une devise, à un panier de monnaies…

La troisième est l’escompte.

La quatrième est le termaillage (leads and lags). Méthode souvent privilégiée au sein d’un même groupe, elle consiste à avancer ou à retarder les paiements en fonction de prévisions à court terme sur les évolutions de taux de change.

Une cinquième technique est la couverture au comptant, c’est-à-dire la réalisation d’une opération inverse et immédiate sur le marché des changes (surnommé FOREX), équilibrant à terme le gain avec une perte. Supposons un exportateur européen qui vend des marchandises pour un million de dollars. Le règlement n’interviendra que dans deux mois avec le risque que le dollar se déprécie par rapport à l’euro. Donc, l’exportateur vend immédiatement un million de dollars pour acheter de l’euro (aucune importance s’il n’a pas un seul dollar en poche pour le vendre, les banques sont là pour régler ce genre de détail). Au terme de l’opération, même si le dollar a baissé au point de devenir de la monnaie de singe (pure fiction), notre exportateur futé récupère l’équivalent de sa perte sur le FOREX (moins les frais).

Enfin, la technique de compensation (netting) est plutôt utilisée par des groupes internationaux qui ont les moyens de se doter d’un service de trésorerie centralisé (centre de compensation). Ce dernier a pour tâche la compensation bilatérale, voire multilatérale, des créances et des dettes dans une même devise (puis à couvrir les soldes qui subsistent). Ce système permet d’économiser les commissions. Un centre de refacturation est une entité qui traite non seulement les factures intra-groupe mais qui gère aussi le risque de change lié aux factures extra-groupe.

 

Les techniques de couverture externes

L’assurance est une technique différente de la couverture puisqu’elle limite les risques mais non les gains. En France, la COFACE est l’assureur du crédit fournisseur pour les opérations internationales (ce qui dépasse largement le risque de change). Vous saurez tout sur www.coface.fr.

Le change (ou couverture) à terme, ou forward, est fondé sur le même principe de couverture vu plus haut, sauf que l’opération se fait à terme, de gré à gré. L’entreprise qui recourt à cette technique n’a donc pas besoin de dégager de la trésorerie. Alors que les forwards sont établis sur mesure, les futures sont standardisés. Ils sont aussi plus liquides mais en pratique beaucoup moins nombreux. Ils nécessitent un appel de marge (somme versée en garantie) qui n’est pas obligatoire avec un forward.

Pour l’exportation, les avances en devises par les banques qui prennent le risque de change moyennant des intérêts et une commission.

Les options de change fonctionnent sur le même principe que n’importe quelle option. Pour résumer, on a la POSSIBILITÉ et non l'obligation d'échanger les devises à terme au cours convenu. Mais la souplesse se paie et ce choix est forcément plus coûteux qu’un forward ou, à plus forte raison, un future… Par ailleurs, si une option est un bon moyen de couvrir un crédit fournisseur, c’est aussi un instrument de spéculation sur le marché des changes. À l’instar des contrats forwards et futures, les options permettent par exemple de placer des capitaux dans un pays où les taux d’intérêt sont plus élevés ou d’emprunter là où ils sont plus faibles.

Au-delà de ces techniques classiques, il existe des montages de plus en plus sophistiqués (et spéculatoires) pour se prémunir contre le risque de change.

 

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