La productivité d'un pays

Productivité et exportations

Nous demandons aux Français de faire des efforts ! (tous les dirigeants depuis plusieurs décennies).

La performance économique d’un pays dépend en grande partie de la productivité de ses entreprises. Et cette productivité détermine la position que le pays tient dans le commerce international.

Après avoir défini les notions de productivité et de compétitivité, nous verrons en quoi les entreprises qui présentent ces qualités permettent à leur économie nationale d’être bien positionnée dans les échanges mondiaux.

 

Productivité et compétitivité

La productivité est un indicateur de performance qui mesure le rapport entre la production et les ressources mobilisées pour l’obtenir. On parle ainsi de productivité du travail (quantité produite par heure travaillée), du capital (machines…), ou encore de la productivité totale des facteurs (PTF), qui intègre l’efficacité globale avec laquelle le travail et le capital sont combinés.

La productivité est donc une mesure de l’efficacité technique, alors que la rentabilité est une mesure d’efficacité financière.

Ainsi une entreprise productive est capable de produire davantage avec les mêmes ressources ou de produire la même chose avec moins. Cette capacité a des effets en cascade : réduction des coûts, amélioration de la qualité, augmentation des marges, etc.

La compétitivité est la capacité à faire face à la concurrence.

La compétitivité prix repose sur la capacité d’une entreprise à proposer un bien ou service meilleur marché que ses concurrents, en réduisant ses coûts unitaires et donc ses prix de vente, tout en maintenant ses marges. Cela la place en bonne position pour exporter. Prenons l’exemple de l’Allemagne : la productivité élevée de ses entreprises industrielles (notamment dans la mécanique, l’automobile et la chimie) a permis de conserver des parts de marché à l’export malgré des salaires relativement élevés.

Mais le prix n’est pas le seul indicateur de la compétitivité. Selon la stratégie qu’elle a adoptée, l’entreprise peut aussi se différencier par la qualité de ses produits, l’innovation, le design ou le service. Une entreprise productive dégage plus de ressources pour innover, former ses salariés ou améliorer ses processus. Apple, par exemple, est très productive, non pas parce qu’elle produit à bas coût, mais parce qu’elle sait concentrer sa valeur ajoutée sur le design, le marketing et la R&D, ce qui permet de vendre à prix élevé tout en restant compétitive.

productivité

 

Lien avec la macroéconomie

Plus les entreprises sont productives, mieux elles arrivent à pénétrer les marchés étrangers. D’une part elles peuvent supporter des coûts inhérents à l’exportation (logistique, adaptation des produits, marketing local), d’autre part elles sont plus résilientes à la concurrence. Les travaux de Marc Melitz (2003) sur l’hétérogénéité des firmes montrent que seules les entreprises les plus productives exportent. Selon l’INSEE, les entreprises exportatrices françaises sont environ \(30\%\) plus productives que les autres.

Avant Melitz, les modèles économiques du commerce international se fondaient sur des entreprises plus ou moins similaires dans un secteur donné (voir les théories de Ricardo et d’Eckscher-Ohlin). Mais dans la vraie vie, ce n’est pas ce que l’on observe. Melitz est parti de ce constat : toutes les entreprises ne sont pas égales face à l’export ; seules les plus productives s’en sortent vraiment.

Pour exporter, une entreprise doit supporter des coûts importants (traduction, logistique, marketing, normes, etc.). Il faut donc une bonne productivité pour les couvrir.

De plus, la dynamique est cumulative. L’exportation permet des économies d’échelle, une diversification des débouchés, une exposition à la concurrence qui stimule l’innovation… En retour, la productivité se trouve renforcée. C’est ce que l’on appelle le cercle vertueux de la compétitivité.

Pour un pays, la compétitivité reflète sa capacité à :

  • Exporter ses biens et services
  • Attirer les investissements
  • Créer des emplois durables
  • Maintenir un bon niveau de vie.

 

Effets sur l’économie nationale

La productivité des exportateurs entraîne aussi des effets indirects sur l’économie dans son ensemble.

Ces entreprises tirent la demande en amont (sous-traitance, logistique, etc.), ce qui peut améliorer la productivité d’un secteur dans son ensemble.

De plus, elles diffusent des pratiques managériales, technologiques ou organisationnelles plus efficaces.

Exemple : une entreprise comme Toyota, très productive, a stimulé l’ensemble de la chaîne de valeur (fournisseurs, équipementiers), ce qui a rejailli sur l’économie japonaise.

Toyota

Enfin, les recettes issues des exportations permettent de financer les importations, ce qui est crucial pour les pays dépendants de ressources extérieures (matières premières, composants technologiques…). La capacité à exporter est donc directement liée à la soutenabilité de la balance commerciale.

 

Rôle des pouvoirs publics

Une mission essentielle des pouvoirs publics est donc de favoriser la compétitivité des entreprises nationales. Plusieurs leviers peuvent être actionnés.

  • Des incitations fiscales et des subventions pour l’investissement en R&D.

  • L’éduction et la formation continue.

  • La loi et la réglementation pour que les entreprises évoluent dans un environnement favorable.

  • Le soutien à l’internationalisation des PME pour qui les barrières des marchés étrangers sont plus difficiles à franchir (aides à l’export, services d’accompagnement).

  • Les infrastructures propices à l’activité économique (réseau de transports, environnement numérique, prix de l’énergie…).

 

Limites

La relation entre productivité et aptitude à exporter doit toutefois être nuancée.

Certaines entreprises peu productives peuvent tout de même vendre à l’étranger en se positionnant sur des niches ou en misant sur la qualité.

Effet pervers, la spécialisation dans certaines exportations peut freiner la diversification ou renforcer des dépendances à certaines matières premières.

De plus, une course à la productivité peut avoir des effets sociaux ou environnementaux néfastes : intensification du travail, externalités négatives, inégalités croissantes. Il s’agit donc de viser une productivité durable et inclusive.

Enfin, la compétitivité ne se réduit pas à la productivité. Des facteurs comme la stabilité politique, la qualité des institutions, ou la perception du « made in » jouent aussi un rôle important dans la capacité à exporter.

 

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