L'estimation de la rotation des stocks

Ratios de rotation des stocks

Une bonne gestion du besoin en fonds de roulement nécessite, entre autres mesures, de maîtriser la rotation des stocks. Pour faire court, ceux-ci doivent être renouvelés le plus vite possible tout en respectant certaines contraintes.

 

Dynamique des stocks

Le gestionnaire de stocks possède toute une batterie de techniques applicables à telle ou telle situation, selon que les volumes ou les dates de commandes sont fixes ou variables, que la demande est certaine ou aléatoire, etc. Ces méthodes ne sont pas souvent applicables de façon aussi rigoureuse que ne le voudrait la théorie pour de multiples raisons mais la base de données de l’entreprise permet en tout état de cause de connaître la durée d'une rotation de stock pour chaque article. Ces techniques font d’ailleurs l’objet de nombreuses pages explicatives sur ce site.

stocks

En fin d’exercice, les stocks apparaissent au bilan non pas par produit, ce qui ferait du bilan un document illisible et donc inutile, mais agrégés sur quelques comptes imposés par le plan comptable.

Les bilans, qui reprennent l’état des stocks en fin d’exercice \(N\) mais aussi en fin d’exercice \(N - 1,\) sont les seuls documents utiles dont disposent les analystes extérieurs à l’entreprise qui n’ont pas accès aux données précises de l’entreprise (avec le compte de résultat, bien entendu). Mais ils suffisent pour donner une image pas trop brouillée des grands mouvements financiers.

Ainsi, la seule liasse fiscale permet d’estimer les délais de rotation, moyennant bien sûr quelques hypothèses. Notamment, si l’on suppose une linéarité du niveau général des stocks de marchandises, de matières et de produits entre les deux dates de début et de fin d’exercice, un calcul simple et évident consiste à les additionner puis à diviser la somme par 2 pour estimer un stock moyen.

Il faut alors rapporter ce stock moyen à un flux (achats ou ventes) puis multiplier le résultat par un nombre de jours pour obtenir une estimation d’un délai de rotation en jours.

Nous supposerons que ce nombre de jours est de 360 bien qu’il relève davantage d’une curieuse tradition que d’une réalité. Il est tout aussi pertinent de retenir soit 365 jours, soit le nombre de jours ouvrés dans l’année.

 

Les délais de rotation (ou temps d’écoulement)

Les délais de rotation font partie des ratios de structure, avec les délais de règlement des clients et ceux des fournisseurs.

Délai de rotation des stocks de marchandises :

\[\frac{\frac{\rm{Stock\;initial} + \rm{stock\;final\;de\;marchandises}}{2}}{\rm{Achat\;de\;marchandises\;HT} + \rm{stock\;initial} - \rm{stock\;final}} \times 360\]

Le numérateur et le dénominateur doivent être cohérents entre eux. Si les stocks incluent des frais d’achats, ceux-ci doivent figurer avec les achats HT.

Délai de rotation des stocks de matières premières (et consommations intermédiaires) :

\[\frac{\frac{\rm{Stock\;initial} + \rm{stock\;final\;de\;matières}}{2}}{\rm{Achat\;de\;matières\;HT} + \rm{stock\;initial} - \rm{stock\;final}} \times 360\]

À l’instar des marchandises, le dénominateur indique bien la consommation de l’exercice.

Délai de rotation des stocks de produits finis :

\[\frac{\frac{\rm{Stock\;initial} + \rm{stock\;final\;de\;produits}}{2}}{\rm{Vente\;de\;produits\;HT} + \rm{stock\;initial} - \rm{stock\;final}} \times 360\]

C'est d'ailleurs le même principe pour les produits semi-finis. À noter qu’il est beaucoup plus exact d’utiliser le coût de production que les ventes mais comme ceux-ci n’apparaissent pas dans les comptes annuels, les analystes font avec ce qu’ils ont… Une troisième possibilité consiste à estimer le coût de production à partir des ventes (lorsque l’entreprise communique ses marges).

Attention aux signes des stocks au dénominateur. On rapporte une estimation de stock moyen à la production de l’exercice. Il faut donc enlever la production stockée en début d’exercice et ajouter le stock final.

Quant aux dépréciations des stocks, il est logique de ne pas en tenir compte. Les calculs sont donc conduits à partir des montants bruts. Ceci nécessite de disposer soit du bilan \(N - 1\) soit des annexes nécessaires puisque le brut \(N - 1\) n’apparaît pas au bilan \(N.\)

Un ratio qui fait du yoyo d’un exercice à l’autre signifie que la durée de stockage est trop instable pour être suivie de façon « grossière » à l’aide des comptes annuels. Il est donc inutile de s’y intéresser outre mesure.

Enfin, on peut tout aussi bien calculer un rapport inverse : le coût d’achat ou le montant des ventes divisé par un montant moyen de stock permet de connaître le nombre de fois où le stock a été renouvelé dans l’année.

 

Exemple de calcul

Extrait du bilan :

extrait de bilan

Par ailleurs, nous savons que le montant des provisions sur stocks de marchandises s’établissait en début d’année à 14 000 euros (ou dollars, ou ce que vous voulez).

Extrait du compte de résultat :

extrait du compte de résultat

Déterminons d’abord le stock brut en début d’exercice.

\(406\,800 + 14\,000\) \(=\) \(420\,800\) euros (ou dirhams, ou ce que vous voulez).

Donc, le stock moyen est estimé à :

\(\frac{450\,210 + 420\,800}{2}\) \(=\) \(435\,505\) € (restons-en à l’euro).

Durant l’exercice \(N,\) le coût d’achat des marchandises s’est élevé à 8 566 840 €.

Nous estimons ainsi la rotation des stocks de marchandises à…

\(\frac{435\,505}{8\,566\,840} × 360\) \(=\) 18,5 jours.

Inversement, on a \(\frac{8\,566\,840}{435\,505} = 19,4.\) Le stock a tourné une vingtaine de fois dans l’année.

Un autre exemple figure en page de BFR normatif avec charges fixes.

 

rotation de stock