Risques exogènes à l'entreprise
Les agents économiques sont soumis à divers risques dont la liste serait fort longue à établir. En entreprise, le risk manager est la personne qui recense ceux qui menacent son organisation et qui cherche à les prévenir. Le cas échéant, c’est l’assureur qui en « limite la casse » financière. Mais d’une manière générale, le risque est un élément un peu particulier de l’activité économique : certes, on cherche le plus souvent à l’éviter mais sans lui, l’économie s’arrête.
On peut classer les risques selon plusieurs typologies. Nous en retiendrons une parmi d’autres : leur origine, interne ou externe. Seuls les risques externes sont abordés ici (en clair, un catalogue de misères qui peuvent tomber sur une entreprise qui n'a rien demandé).
Et comme nous sommes partis pour classer, nous distinguerons deux types de risques venant de l'extérieur : ceux qui sont liés aux aléas et ceux liés au temps. Nous terminerons par une troisième catégorie un peu particulière, les risques liés au numérique.
Liés aux aléas
Les aléas sont des évènements qui surviennent brutalement ou, au mieux, avec une anticipation réduite. Ils ont un impact négatif sur la bonne marche de l’entreprise.
Les risques les plus dangereux de la sphère économique sont ceux qui affectent les banques. Nous ne les détaillerons pas ici (voir par exemple les pages risques de crédit et risques opérationnels) mais ils ont des répercussions sur l’ensemble de l’économie et peuvent provoquer des crises économiques mondiales. À titre d’exemple, la crise des subprimes s’est étendue depuis le crédit immobilier américain jusqu'à l’ensemble de la planète en 2008. Quant aux krachs boursiers, ils sont parfois anticipés par les économistes mais… pas leur date exacte !
Les menaces contre lesquelles il est difficile de se prémunir sont les risques naturels. Certains secteurs tels l’agriculture et la pêche sont particulièrement soumis aux conditions météorologiques. Mais les caprices de la nature affectent aussi l’industrie ou certains services. Ainsi en 2010 l’éruption du l’Eyjafjöll, volcan islandais, a contraint les pays européens à fermer leur espace aérien pendant près d’une semaine. Le préjudice pour les compagnies aériennes a été estimé à environ 1,3 milliards d’euros.
Un type de risque qui vient immédiatement à l'esprit est la malveillance. Il existe toujours des solutions pour se prémunir des faits frauduleux, en particulier le vol. Le coût est parfois très élevé, même pour un ménage (porte blindée, système d'alarme…).
Des risques politiques peuvent affecter certaines secteurs économiques. Par exemple, si les pouvoirs publics décident d’interdire un produit (détecteur de radars, cigarette électronique…), les entreprises trop liées à cette industrie peuvent disparaître. Mais c’est bien sûr au niveau international que le risque est le plus aigu puisque toute exportation à destination d'un pays peut être interdite du jour au lendemain pour des raisons politiques (à l'exemple de l'embargo sur la Corée du nord). Le boycott est toutefois une situation extrême. Il est plus courant que des pays instaurent des taxes à l'importation si élèvées sur certains produits que leur exportation devient imposssible. Exemple. Janvier 2009, les États-Unis décident de taxer à \(300\%\) le roquefort en représailles de l'interdiction du bœuf aux hormones en Europe.
Et les accidents ? Certains font partie des risques externes mais dès lors qu’il s’agit d’une négligence, on peut considérer que la source est interne. Exemple : un transporteur ne peut pas protéger ses camions contre les fautes des autres véhicules (risque externe) mais si un accident est lié à la fatigue de son chauffeur qui, soumis à des délais trop courts, n’a pas pu respecter son temps obligatoire de repos, le risque est bien d’origine interne.
D’une façon générale, les accidents peuvent être mesurés statistiquement au niveau d’une population. Leur risque est ensuite évalué au niveau individuel par un calcul de probabilités.
Le risque sanitaire est apparu avec violence en 2020 avec la pandémie du Covid 19. L'impact direct du virus sur l'économie a été faible mais les mesures de confinement et de couvre-feu ont eu un effet catastrophique.
Toutes ces situations restent tout de même relativement rares. Mais il en est une qui l'est moins : le retard d’approvisionnement. Une entreprise industrielle a besoin de matières premières, un commerce attend des produits... Si l’un d’eux manque, l'industrie ne peut produire, le commerçant ne peut revendre... Pour quelles raisons un approvisionnement peut-il faire défaut ? Soit à cause du fournisseur (qui dans le cas le plus extrême cesse son activité) soit en raison du transporteur qui ne peut assurer la liaison : grève, intempéries, accident… En effet, un risque exogène est celui des transports paralysés, empêchant le personnel de se rendre à son travail, ou de blocages de dépôts de carburant, docks, entrepôts, etc. L’entreprise doit alors continuer à payer des charges alors qu’elle ne peut rien produire. Un arrêt d’activité prolongé peut lui être fatal.
Mentionnons aussi un autre risque de gestion courante, celui de non-paiement du client. Si le client n’est pas un particulier, il est d’usage qu’il règle ses factures avec un différé. Un retard de paiement peut se traduire par un coûteux problème de trésorerie. Pire, le client peut se révéler insolvable. La presse relate régulièrement la situation dramatique d’entreprises non payées depuis des mois voire des années alors que leur client est… l’État.
Précisons que cette décomposition en types de risques reste arbitraire, un risque pouvant résulter de la conjonction de plusieurs facteurs. Prenons l’exemple d’une entreprise qui ne peut plus fonctionner à cause d’une panne électrique. Il s’agit d’un défaut d’approvisionnement d’électricité, mais qui est peut-être dû à un engin qui a fait tomber un pylône, donc un accident. Celui-ci est peut-être dû à la météo, l’engin ayant glissé sur une plaque de verglas, c'est à dire un risque naturel, etc.
Enfin, un autre risque économique peut affecter certains secteurs. Des matières premières s’échangent à un cours déterminé au niveau mondial (métaux, café, blé, pétrole…). L’entreprise qui les utilise subit alors un prix qu’elle ne peut négocier sur une matière qu’elle ne peut remplacer. Si les prix s’envolent sans qu’elle puisse répercuter cette hausse sur ses prix de vente, le risque est de perdre de l’argent en raison d’une érosion des marges.
Liés au temps
La diminution de la demande est une hantise pour bon nombre d’entreprises. Elle peut avoir plusieurs causes.
La première d’entre elles est la conjoncture économique. Si la croissance est faible et que le chômage augmente, la demande est ralentie non seulement en raison du nombre de chômeurs qui consomment moins mais aussi parce que les ménages qui travaillent ont tendance à faire des économies au cas où…
La concurrence peut prendre des parts de marché, soit parce qu’elle répond mieux aux attentes de la clientèle, soit en raison de l’arrivée d’un concurrent (plus d’offreurs qui se bousculent pour une demande identique).
La baisse de la demande peut être anticipée lorsqu’elle est liée au produit. À titre d’exemple, les constructeurs automobiles savent parfaitement que la demande de voitures diesel ne fera que décroître. Ce peut être une chute brutale. Si par exemple un chantier est effectué dans une rue, les commerces en pâtissent aussitôt et si le chantier dure longtemps (construction d’une ligne de métro, d’un immeuble…), il arrive que des boutiques et des restaurants ferment définitivement faute de clients.
Un produit a une vie plus ou moins longue. La ruée sur les hands spinners n’a duré qu’un printemps (2017) tandis que le sel fait l’objet de commerce depuis les temps préhistoriques. Cette vie peut être représentée par une courbe qui indique le volume des ventes en fonction du temps (introduction, puis croissance, puis maturité puis déclin). Cette évolution est appelée cycle de vie du produit. Il est délicat d’en prévoir la durée mais souvent, les équipes du marketing prévoient assez bien à quel moment la demande va décroître.
La période de déclin peut être due à l’obsolescence ou à une rupture technologique. L’obsolescence est le fait d’être démodé, soit en raison du goût des consommateurs soit en raison d’une innovation technologique. En revanche, la rupture correspond à une innovation majeure. Dans le secteur de la photo, le passage de l’argentique au numérique a été une rupture technologique.
Contrairement aux risques liés aux aléas, une demande insuffisante ne peut pas faire l’objet d’une police d’assurance et il est de la responsabilité des dirigeants de l’anticiper pour s’adapter le moment venu. Par exemple, lorsque l'intérêt des consommateurs pour un modèle de voiture commence à s'essouffler, les équipes ont déjà bien travaillé sur le modèle qui lui succédera.
Risques en cybersécurité
En matière de cybersécurité, on considère qu'un risque est la conjonction d'une menace et d'une vulnérabilité. Plus précisément, c'est la probabilité qu'une menace se réalise, sachant que cette probabilité est liée au niveau de vulnérabilité.
Par exemple, un cyberattaquant peut introduire un malware dans un SI mal protégé ou bloquer un serveur en lançant une attaque par déni de service.
Le risque zéro n'existe pas mais il y a des moyens de se protéger (mise à jour des logiciels, systèmes d'authentification, sécurisation des réseaux...).