L'équilibre du monopole

Inefficacité de l'équilibre du monopole

Pour quelles raisons un marché soumis à un monopole est-il moins « efficace » que s’il était concurrentiel ?

Nous vous présentons ici des explications pour élèves de première générale. Elles s’appuient sur des exemples chiffrés et des figures très simples (vous en verrez d’autres si vous retrouvez ce thème au cours de vos études supérieures). Vous pourrez cependant compléter votre lecture avec le graphe « prix trop élevé » qui se trouve en page de perte sèche.

 

L’équilibre du monopole

Qu’est-ce que l’équilibre d’un monopole ?

Lorsqu’une entreprise est en situation de monopole, elle détient un pouvoir de marché considérable puisqu’elle contrôle entièrement son marché. Ainsi cherche-t-elle à maximiser son profit sans contrainte liée à la concurrence. Mais elle reste soumise à deux limites : la demande et les impératifs de coûts.

Elle est en mesure de choisir les quantités à produire ou de dicter le prix de vente de ses produits au détriment des consommateurs (on se doute bien qu’elle ne va pas casser ses prix). Théoriquement, c’est soit l’un soit l’autre. Pour une courbe de demande donnée, si elle agit sur les prix ce sont les quantités qui s’ajustent et inversement. Probablement, le prix sera fixé au-dessus du coût marginal de production, générant un surplus.

Ci-dessous, une entreprise monopolistique choisit le prix ou la quantité produite de sorte que le niveau de la demande se situe au point \(Z.\)

courbe de demande

L’aire verte correspond à son chiffre d’affaires. Ce graphe ne doit pas vous sembler trop abstrait car le raisonnement est très simple. Cette aire est celle d’un rectangle, c’est-à-dire la largeur multipliée par la hauteur. En d’autres termes, la quantité multipliée par le prix unitaire. Logique ? Donc l’entreprise agit soit sur le prix, soit sur la quantité pour que le montant de ses ventes (chiffre d’affaires) soit le plus élevé possible, c'est-à-dire là où l’aire du rectangle est maximale.

Notez que si l’entreprise le peut, elle peut pratiquer des prix différenciés selon la clientèle (monopole discriminant). Graphiquement, plusieurs rectangles seraient délimités par la courbe de demande. Résultat : un chiffre d’affaires encore supérieur.

Nous avons vu la contrainte de la demande, attelons-nous à celle du coût de revient du produit.

Dans le graphe ci-dessous, nous retrouvons notre courbe de demande mais aussi celle du coût unitaire (en vert).

demande et coût

Notez au passage que ce n’est pas l’exemple d’un monopole naturel (la courbe ne remonterait pas).

Maintenant, l’entreprise s’intéresse à son bénéfice (le chiffre d’affaires moins les coûts). La quantité qui détermine le bénéfice maximal se trouve là où l’écart est le plus grand entre la demande (courbe du haut) et le coût (courbe du bas). Il est bien possible que l’on vous donne un exercice d’application en cours de maths : vous n’avez qu’à soustraire la fonction de coût à celle de demande pour obtenir une fonction de bénéfice, que vous dérivez pour ensuite trouver son maximum et donc la quantité optimale à produire.

 

Quelques avantages…

Avant de détailler les inconvénients de l’équilibre du monopole, précisons que cette situation peut malgré tout présenter quelques avantages :

  • La production est plus efficace dans certaines industries caractérisées par des économies d’échelle importantes (monopole naturel). Donc, même si l’entreprise monopolistique génère un surprofit, il est possible que le prix de vente au consommateur soit inférieur à ce qu’il serait en cas de duopole. Si par exemple les coûts fixes s’établissent à un million d’euros pour 100 000 clients, chacun d’eux doit contribuer à hauteur de 10 € aux coûts fixes répercutés sur le prix de vente. Si un deuxième vendeur arrive sur le marché et qu’il capte la moitié de la clientèle, ses coûts fixes s’établissent aussi à un million d’euros mais chaque client contribue désormais pour 20 € aux frais fixes de son fournisseur (à condition que la demande soit inélastique ; sinon l’arrivée du concurrent est encore plus problématique puisqu’il y aura moins de clients).

  • Les bénéfices monopolistiques peuvent servir de motivation pour l'innovation et la recherche et développement chez de potentiels concurrents.

Cependant, ces avantages doivent être pesés face aux inconvénients majeurs associés aux monopoles.

 

Perte de surplus du consommateur

Si le prix est fixé au-dessus du coût marginal, cela crée un manque à gagner pour les consommateurs, contraints de payer des prix plus élevés que si le marché était concurrentiel. De plus, la réduction de la quantité offerte peut conduire à des inefficacités d'allocation des ressources car certains consommateurs disposés à payer plus que le coût marginal se trouvent exclus du marché.

Supposons qu'une entreprise de télécommunications soit le seul fournisseur de services Internet dans une région et qu'elle devienne un monopole. Elle peut choisir de réduire la quantité de données offertes aux consommateurs tout en augmentant ses prix, ce qui maximise son profit. Imaginons la situation suivante :

  • En situation de concurrence, les consommateurs pouvaient acheter 100 Go de données par mois pour 40 €.

  • L’opérateur élimine ses concurrents et devient un monopole. Il réduit la quantité à 80 Go par mois et augmente le prix à 60 €.

moins de gigas

À présent, les consommateurs perdent car ils doivent maintenant payer plus cher pour moins de services. Leur surplus diminue, ce qui signifie qu’ils ont moins de bénéfices à l'échange qu'auparavant.

Le surplus global diminue également puisque la hausse du surplus du producteur par rapport à une situation de concurrence pure et parfaite ne compense pas la baisse du surplus des consommateurs.

De plus, cette dernière se répercute sur d’autre producteurs par effet d’éviction. Dans notre exemple, le consommateur doit dépenser 20 € de plus par mois. Supposons que pour satisfaire cette dépense il doive diminuer ses achats de fruits et légumes de 20 €. C’est un manque à gagner pour le maraîcher et pour l’épicier. De ce fait, eux aussi dépenseront moins et ainsi de suite.

 

Allocation des ressources inefficace

Nous l’avons vu, la quantité de produit offerte peut être inférieure à ce qu’elle serait en situation de concurrence. Prenons un nouvel exemple.

Supposons qu'un monopole pharmaceutique détienne un brevet sur un médicament vital. Il peut fixer son prix à un niveau très élevé, bien au-dessus des coûts de production, car les patients n'ont pas d'autres options.

Le laboratoire fixe le prix à $100 par dose pour un coût de revient de $5. Dans cette situation, il réalise un profit considérable mais il y a une inefficacité en termes d'allocation des ressources. Les consommateurs qui ont besoin du médicament ne peuvent pas se permettre de l’acheter à ce prix élevé, ce qui peut entraîner des conséquences néfastes pour la santé publique.

 

Moindre innovation

Les monopoles ne sont pas incités à innover et à améliorer la qualité de leurs biens ou services puisqu'ils n'ont pas à rivaliser avec d'autres entreprises. Si vous trouvez un snack-bar isolé au milieu du désert australien vous êtes bien obligé de manger ce qui est proposé, même si vous trouvez la qualité douteuse.

 

seul candidat