La dynamique de l'équilibre

Dynamique de l'équilibre concurrentiel

L’équilibre entre offre et demande est une notion incontournable en théorie économique. Abordée dès la classe de seconde, elle est complétée en première générale par une approche dynamique : pourquoi le marché réussit-il toujours son numéro d’équilibriste, même en cas de perturbation ?

 

Rappel

Rappelons juste le principe de l’équilibre concurrentiel, détaillé en page de concurrence pure et parfaite.

Sur un marché donné se rencontrent des offreurs et des demandeurs. Les quantités que les premiers peuvent vendre et que les seconds sont prêts à acheter peuvent être schématisées par un graphe bien connu où se croisent une courbe d’offre et une courbe de demande. Les prix unitaires figurent en ordonnée.

La courbe d'offre représente la quantité de biens et services qu'un producteur est disposé à vendre à différents niveaux de prix, toutes choses étant égales par ailleurs. Remarques :

  • Pente positive : La courbe d'offre représente une fonction croissante.

  • Facteurs influençant l'offre : Les facteurs tels que le coût de production, la technologie, les prix des intrants et les attentes des producteurs peuvent influencer la position de la courbe d'offre.

La courbe de demande représente la quantité de biens et services que les consommateurs sont disposés à acheter à différents niveaux de prix, toutes choses étant égales par ailleurs. Remarques :

  • Pente négative : La courbe de demande représente généralement une fonction décroissante, ce qui signifie que les consommateurs sont disposés à dépenser plus pour des biens et services lorsqu'ils sont rares et inversement, reflétant l'effet de substitution et l'effet de revenu. L'effet de substitution s'observe quand les consommateurs se détournent d'un produit pour en préférer un autre (le prix du gaz augmente donc plus de ménages se chauffent à l'électricité). L'effet de revenu traduit un appauvrissement en cas de hausse du prix d'un produit ; le consommateur en achète donc moins mais il doit aussi restreindre ses achats d'autres biens.

    La courbe de demande ne modélise donc pas les comportements qui échappent à la rationalité économique (de type effet de Veblen).

  • Facteurs influençant la demande : Les facteurs tels que le revenu des consommateurs, les prix des biens substituables, les préférences des consommateurs et les attentes concernant les futurs prix peuvent influencer la position de la courbe de demande.

Là où les courbes se croisent, les mêmes quantités sont offertes et demandées. C’est évident. Ce qui est intéressant, c’est ce qui apparaît en ordonnée : le prix d’équilibre. Pour l’atteindre, deux solutions :

  • Ajustement des prix : Si le prix sur le marché n'est pas à l'équilibre, il y aura une pression pour qu'il change. Par exemple, si le prix est supérieur au prix d'équilibre, il y aura un excédent d'offre et les producteurs réduiront leurs prix pour vendre leurs excédents, ramenant ainsi le marché vers l'équilibre.

  • Ajustement des quantités : De même, si le prix est inférieur au prix d'équilibre, il y aura une pénurie sur le marché et les producteurs seront incités à augmenter leurs prix pour tirer profit de la demande plus élevée, ramenant ainsi le marché vers l'équilibre.

Déplacement de la courbe d’offre

Si un facteur d’offre est modifié, la courbe sera translatée vers le haut ou vers le bas.

Prenons l’exemple d’une taxe forfaitaire sur un produit, intégralement répercutée sur le prix.

Au départ, nous avons la courbe d’offre (ci-dessous en vert) et celle de demande (en rouge). Le prix d’équilibre est \(P.\)

Si l’on augmente le prix d’un euro, la courbe d’offre est translatée de 1 vers le haut. La nouvelle courbe est la bleue.

déplacement de l'offre

Qu’observe-t-on ?

L'action de « monter » la courbe entraîne un nouveau point d’équilibre en haut à gauche du précédent. D’ailleurs, on peut avoir l’impression que la courbe a été déplacée vers la gauche mais c’est une illusion !

Le fait que le point se trouve plus à gauche traduit une moindre quantité de produits échangés. C’est cohérent avec ce que l’on peut observer dans la vie courante. Par exemple, une hausse des taxes sur le prix du tabac entraîne une diminution de la quantité de cigarettes consommées.

Et bien sûr, le prix augmente puisqu’on a supposé que la taxe était intégralement répercutée sur le prix. Mais si vous regardez bien le graphe, vous constatez que le prix d’équilibre n’est pas de 1 unité de plus qu’avant. Dans cet exemple, c’est moitié moins. Là encore, c’est logique. La quantité demandée ayant diminué, les offreurs baissent leurs prix. Il y a donc une sorte de compétition entre la hausse du prix due à la taxe et la baisse due au mécanisme du marché. Globalement, le prix d’équilibre s’ajuste aux nouvelles quantités échangées !

Remarque : il n'y a pas de modification de la demande mais seulement de la quantité demandée. C'est pourquoi la courbe de demande reste identique et que le point d'équilibre glisse dessus.

Hormis l’État qui perçoit la taxe, tout le monde y perd : parmi les demandeurs il y a ceux qui ne consomment plus (ou moins) et ceux qui paient plus cher. Parmi les offreurs, il y a ceux qui voient leur marge diminuer et ceux qui disparaissent parce qu’ils ne dégageaient pas une marge suffisante pour la baisser encore.

Notez que le graphe serait presque le même si les quantités offertes sur le marché diminuaient en raison d’une pénurie, par exemple de mauvaises récoltes ou un défaut d’approvisionnement. En effet, la modification de l’équilibre peut être due aux prix mais aussi aux quantités. La translation s’opérerait alors vers la gauche et non vers le haut, c’est pourquoi la convexité de la courbe bleue serait un peu différente (l’équation de la fonction ne serait pas la même).

 

Déplacement de la courbe de demande

La courbe de demande peut aussi évoluer dans un sens ou dans l’autre, notamment en raison des goûts des consommateurs.

Supposons un type de vêtement qui commence à se démoder.

démodé

Il y a encore des demandeurs mais moins qu’avant. La courbe de demande est translatée vers le bas.

Ceci se traduit, vous l’avez deviné, par des soldes (prix en baisse) et une diminution des quantités sur le marché. Visualisation (la courbe rouge devient la courbe orange) :

déplacement de la demande

Bien sûr, l’effet est inverse si l’on observe un engouement des consommateurs pour un produit. Par exemple, une société cotée en Bourse publie de belles perspectives. La courbe de demande de ses actions se décale aussitôt vers le haut. Ainsi, il y a davantage d’actions échangées et leur prix monte.

 

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