CAF, capacité d'endettement et autofinancement
L’analyse financière consiste à évaluer la situation économique et financière d'une entreprise. Pour cela, elle décortique tout ce qui y entre et ce qui en sort (il s'agit bien sûr des masses d’argent et non des salariés, heureux de venir travailler le matin et tristes de repartir le soir, à moins que ce ne soit l’inverse) ou bien ce qui figure dans le patrimoine et qui a connu une contrepartie pécuniaire. La comptabilité est la principale source d'information.
Sur un exercice donné, le solde des ressources internes d’exploitation (le solde entre les flux d’argent entrants et sortants) prend le nom de capacité d’autofinancement (CAF).
Définition
La CAF désigne les ressources financières qu'une entreprise génère par elle-même au cours d'un exercice. Elle n’intègre que les flux. Une dotation aux amortissements, par exemple, est une charge calculée et n’entre pas dans son calcul. La CAF est donc une notion relativement concrète, encore qu’il ne s’agit pas d’un solde de trésorerie : les flux sont toujours « au titre de » l’exercice, même s’ils ont en principe lieu après la clôture (« en principe » car un client douteux peut ne jamais payer !). Et rappelons qu’il ne s’agit que d’exploitation : une dépense d’investissement ou un produit exceptionnel, par exemple, n’impactent pas la CAF puisqu'ils ne dépendent pas de la performance de l'entreprise.
Calcul
Ce solde de flux se calcule à partir des comptes annuels, principalement le compte de résultat via le tableau des soldes intermédiaires de gestion (SIG). Le tableau des amortissements et celui des provisions sont généralement utiles pour préciser des informations se trouvant au compte de résultat.
Son montant apparaît dans la première partie du tableau de financement.
Concrètement, la CAF s’obtient de deux manières.
La première façon est « logique » : partant de l’excédent brut d’exploitation (EBE), elle consiste à lui ôter les charges décaissables et à lui ajouter les produits encaissables situés en aval des SIG. C’est la méthode soustractive (ou explicative)
La seconde façon est en principe plus rapide. En partant du résultat de l’exercice, on lui ajoute les charges et on lui ôte les produits calculés, c'est-à-dire qui ne correspondent pas à des flux (on annule tout ce qui n’impacte pas la CAF). C’est la méthode additive (ou vérificative).
Pourquoi partir de l’EBE avec la première méthode ? Parce que ce solde ne comprend que des flux. Il est ainsi inutile de relever tout ce qui se trouve en amont dans le calcul des SIG. On gagne du temps.
À partir de l’EBE :
- EBE
- + transferts de charges d'exploitation
- + autres produits d'exploitation
- – autres charges d'exploitation
- ± quote-parts de résultats sur opérations faites en commun
- + produits financiers sauf reprises sur provisions et dépréciations
- – charges financières sauf dotations financières
- + produits exceptionnels sauf cessions d'immobilisations, quote-parts de subventions d'exploitation virées au compte de résultat et reprises sur provisions exceptionnelles
- – charges exceptionnelles sauf valeur comptable des actifs cédés et dotations exceptionnelles aux amortissements et provisions
- – participation des salariés aux résultats
- – impôt sur les bénéfices
À partir du résultat :
- Résultat de l'exercice
- + valeur comptable des actifs cédés
- – produits des cessions d'actifs
- – quote-part de subventions d'exploitation virées au résultat
- + dotations aux amortissements et provisions
- – reprises sur amortissements et provisions
On remarque que le produit des cessions d’actifs n’est pas inclus dans la CAF. Il s’agit pourtant de flux financiers (machines ou véhicules revendus sur le marché de l’occasion, par exemple). C’est la seule exception : on considère que ces produits ne relèvent pas de l’exploitation. C’est tout à fait logique puisque lorsque ces actifs ont été acquis, l’opération n’a impacté que des postes de bilan et non du compte de résultat...
Une CAF prévisionnelle est en principe établie par la seconde méthode (résultat prévisionnel majoré des amortissements prévus, voir l'exemple de plan de financement).
Dans la mesure où c’est avec la CAF que les emprunts peuvent être remboursés, les capacités d’endettement s’élèvent si elle augmente. Ainsi, le rapport des dettes financières par rapport à la CAF est-il particulièrement scruté par les banques. Cet indicateur permet d’établir une capacité d’endettement et peut être un critère de scoring d’entreprise. Il est d’usage qu’il ne dépasse pas 3 ou 4. On peut préférer l'inverse, \(\frac{\rm{CAF}}{\rm{Dettes}}.\)
Le ratio CAF / capitaux propres est une mesure parmi d’autres de la rentabilité économique.
Dans les situations désespérées, la CAF peut être négative…
Notez que la CAF est très proche de la marge brute d’autofinancement (MBA). En effet, il s’agit de la MBA à laquelle s’ajoutent les dépréciations pour actifs circulants et à laquelle on ôte les reprises sur actifs circulants et les impôts sur les plus-values de cession. L’expression cash flow est considérée à tort comme synonyme de CAF. En toute rigueur, un cash flow est un solde observé AU COURS d’une période et non au titre d’elle.
CAF retraitée
La CAF peut être retraitée dans le but d’obtenir un calcul plus conforme à la réalité économique. Le retraitement reste cependant assez léger puisqu’il se limite en principe au crédit-bail : L’amortissement d’un matériel dont l’entreprise est propriétaire ne diminue pas la CAF alors qu’un loyer de crédit-bail l’affecte. Pour éviter cet illogisme, Il faut réintégrer la partie du loyer qui correspond à un amortissement.
Voir à cet égard le calcul d'une CAF.
L’autofinancement
La CAF est bien une capacité. Mais il n’est pas dit que la totalité de cette capacité soit utilisée ! En effet, si elle permet d’investir, de rembourser les emprunts et d’accroître le fonds de roulement, c’est aussi à partir de ce solde que peuvent être rémunérés les actionnaires. Par conséquent, l’autofinancement est la partie de la CAF qui n’est pas transformée en dividendes et autres rémunérations du capital.
Les avantages de l’autofinancement sont de limiter les emprunts (et donc les charges d’intérêt) et de maintenir une certaine autonomie de l’entreprise.
L’inconvénient est de se passer de l’effet de levier. Par ailleurs, un excès d’autofinancement peut conduire à investir inutilement au détriment d’actionnaires pas ou peu rémunérés.
L’autofinancement fait l'objet d'un suivi à l'aide d'un ratio de répartition de la valeur ajoutée :
\[\frac{\rm{Autofinancement}}{\rm{VA}}\]