Le plan de financement

Principes du plan de financement

À présent, nous devons nous projeter dans le long terme, nous assurer que les idées visionnaires du P-DG ou du créateur d’entreprise s’accordent avec les possibilités financières, bref, établir un document prospectif pour les trois ou cinq ans à venir. Ce document, c’est le plan de financement.

Ainsi, en évaluant les besoins des prochaines années et les ressources qui leur seront nécessaires, le plan de financement apparaît comme une sorte de budget de trésorerie sur longue période, voire un tableau de financement prospectif…  Donc attention à ne pas se fier à l’intitulé : le financement ne constitue en fait qu’une partie de ce plan prévisionnel qui synthétise les ressources et besoins financiers dans leur ensemble.

 

Présentation

Son principal rôle est de s’assurer de la cohérence entre l’orientation souhaitée et les moyens dont peut disposer l’entreprise pour y parvenir. Ce plan est également un document que les banques scruteront avant d’accorder des prêts.

En France, l’établissement d’un plan de financement est obligatoire pour les entreprises d’une certaine taille depuis 1984. Une seule année de prévision est nécessaire. Ce document n’est pas normalisé.

Si le plan présente un cap à tenir pour les entreprises existantes, il est tout aussi indispensable lors d’une création (ne serait-ce que pour que banquiers et actionnaires connaissent les risques liés à leurs engagements).

Par ailleurs, il peut s'appliquer non pas à l'ensemble d'une entreprise mais à un projet (voir à cet égard l'exemple de plan de financement).

En principe, les prévisions sont établies par année mais il est parfois possible de descendre à un niveau trimestriel. Un plan mensuel représente une vraie gageure sur le moyen terme.

 

Les besoins (ou emplois)

Les investissements constituent le poste-clé puisqu’il faut déterminer quelles immobilisations supplémentaires seront nécessaires pour atteindre les objectifs stratégiques fixés tout en prenant en compte les investissements de renouvellement. Leur choix repose sur un calcul d’actualisation. Les immobilisations sont enregistrées hors taxe mais s’il y a un décalage pour récupérer la TVA, celui-ci doit être intégré comme étant un besoin passager… Parallèlement aux investissements physiques, l’acquisition d’immobilisations financières et / ou immatérielles est bien sûr envisageable.

L’augmentation du besoin en fonds de roulement d’exploitation (BFRE) : il faut tenir compte de la tendance prévisible de l’activité (voire de sa saisonnalité) pour apprécier les changements à venir. Concrètement, le BFR normatif est plus pratique à utiliser que l’estimation séparée des stocks, créances clients et dettes auprès des fournisseurs. Quant au BFR hors exploitation, il n’est pas retenu car trop imprévisible.

Le remboursement des dettes. Dans un premier temps, ne sont pris en compte que les emprunts à moyen et long terme déjà en cours (étape facile !). Dans un second temps, on intègre les emprunts futurs que nécessitera l’activité envisagée.

Une réduction des capitaux propres, le cas échéant bien sûr.

Une distribution de dividendes ou un placement des bénéfices en réserve. Selon la politique de l’entreprise,  la rémunération des actionnaires peut être impérative ou au contraire très aléatoire.

Des charges à répartir sur plusieurs exercices.

En revanche, aucune nouvelle provision pour risques et charges n’a logiquement sa place dans un plan de financement. On part du principe que l’on cherchera à en éviter la cause.

 

Les ressources (financements)

Les ressources sont d’abord internes.

La capacité d’autofinancement (CAF) : elle sera sans doute réajustée au fil des calculs mais globalement, on l’estime par la méthode additive. Une prévision de CAF requiert donc non seulement des prévisions sur le résultat, mais aussi des estimations de cessions et de leurs implications fiscales et les amortissements des immobilisations qu’il est prévu d’acquérir.

Les subventions d’investissement

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La diminution du BFRE, éventuellement.

À ce stade, une ébauche de plan de financement, c’est-à-dire « avant financement », peut être élaborée. Et même probablement plusieurs plans correspondant à différents scénarios. De tels plans sont déséquilibrés et il faut alors aborder la question des nouvelles ressources à envisager. Il n’est d’ailleurs pas souhaitable d’afficher un excédent de ressources internes plusieurs années de suite.

Donc, l’étape suivante est celle qui envisage les financements externes : augmentation de capital, emprunt obligataire, emprunt indivis… Une fois ceux-ci choisis, on élabore le plan « avec financement », donc avec remboursements du capital et paiement des intérêts si un emprunt est nécessaire, voire dividendes supplémentaires. Et peut-être procéder à de nouveaux ajustements si ces nouvelles charges créent des déséquilibres.

La fiscalité et les frais annexes aux opérations exceptionnelles doivent bien sûr être pris en compte.

En principe, les ressources externes ne comprennent pas les financements à court terme qui relèvent de la trésorerie (découverts, par exemple) ; ceux-ci sont davantage une variable d’ajustement qu’une ressource prévisible sur plusieurs années.

Quant au choix du type de financement, il repose surtout sur la possibilité ou non de s’endetter. Ainsi le poids des dettes par rapport au capital et la capacité d’endettement donnent une bonne idée de ce que répondra le banquier lors de la demande de prêt. Mais ce n’est pas nécessairement par défaut que l’on recourt aux actionnaires. Si la rentabilité des investissements prévus est faible, le levier financier ne joue pas dans le bon sens et l’endettement n’est peut-être pas la bonne solution. Par ailleurs, le plan de financement doit aussi convaincre les actionnaires d’accepter une éventuelle hausse du capital, ce qui n’est pas gagné d’avance !

Si aucun financement n’est possible, il faut se demander si certaines échéances d’emprunt peuvent être négociées et sinon réviser ses ambitions : investir moins que prévu, restreindre les distributions de dividendes, etc.

Après moult va-et-vient, le document final voit le jour. S’il montre pour chaque période une trésorerie nette légèrement positive, c’est parfait. Quoique la dure réalité se chargera à son tour de le corriger…

 

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